lundi 29 novembre 2010

"The Separation" par Robert Morgan

___S'il y a une chose que l'on peut d'entrée remarquer, c'est un titre aussi banal qu'énigmatique . On pourrait facilement, âme naïve que nous sommes, penser à la séparation de deux amants . Le générique, ressemblant beaucoup à des images documentaires, nous remet tout de suite sur le droit chemin . Losque l'on réfléchit, ce sujet est-il souvent traité au cinéma, ou même ailleurs ? Non . Les premières images nous annoncent déjà le ton : triste et mélancolique . Mais le traumatisme vient après, lorsque l'on voit la détresse animer les yeux jusqu'alors inexpressifs des deux frères, au risque d'y laisser sa validité . Après, lorsqu'on les revoit, les traits encore plus inexpressif et le visage marqué, et que l'on se rend compte qu'ils vivent dans le passé en crééant à la chaîne des poupées d'enfants, la pitié finit presque par prendre le dessus . Mais le malaise et la tension prennent de plus en plus de place . Et lorsque, rongés de remords, les deux frères tentent dans une action aussi inconsciente que désespérée de retrouver leur bonheur, et qu'un bête accident vient chambouler le tout, le film prend alors une tournure totallement inattendue .

Et lorsque des années plus tard, on voit leur destinée, on se demande comment l'on a pu se dire qu'ils ne pouvaient pas tomber plus bas .

vendredi 26 novembre 2010

Harry Potter et les reliques de la mort

Un film très attendu, donc... dont on attend beaucoup ! Là, quelques heures après l'avoir vu, je ne me sens pas déçue. Quelques scènes sont magnifiques, et l'esprit et le scénario du livre fidèlement retranscrits. En revanche, si vous n'avez pas lus les livres ou vus les films précédents, je pense que vous allez avoir du mal à suivre !


Une scène que j'ai trouvée particulièrement réussie (car surprenante sans être déroutante), c'est celle où Hermione raconte l'histoire des trois frères. Elle nous est présentée sous forme de dessin animé, mais d'un graphisme particulier que j'ai trouvé très accrocheur et en parfaite communion avec l'esprit Harry-Potterien.
En revanche, une scène qui m'a déçue est celle où Ron explique comment il est revenu (je reste évasive pour ceux qui n'ont pas encore vu le film et n'ont pas lu le livre). Je l'ai trouvée très mièvre, presque ridicule, et je ne sais pas vraiment si c'était l'effet recherché ou pas. Ron est vraiment montré comme le faire-valoir de Harry, et ça m'agace (même si l'humour qu'il procure au film est plus décalé et moins grotesque que dans le prince de sang-mêlé).

En général, le jeu des acteurs (bravo à Emma Watson, qui n'a jamais été aussi superbe !) est très fort, les musiques portent très bien le film sans l'encombrer, et certaines scènes (pas toujours tirées du livre) sont magnifiques... Rien que le début est magiquement accrocheur !

La coupure dans le septième tome est vraiment bien placée, on a envie de voir la deuxième partie dès que le film s'achève ! La tension est toujours présente, même dans les moments légers. Le film est centré sur les trois héros, et on voit plus que jamais les liens forts qui les unissent. En contrepartie, les autres personnages sont assez effacés, ce qui peut laisser un goût de frustration. Que dire d'autre, sinon d'aller le voir ?

Méfait accompli !

mercredi 24 novembre 2010

The Avengers.



Hermes, Automne-Hiver 2010.

Si le froid mortifie, il vivifie aussi l'esprit. Ainsi ne soyons point maussades et laissons-nous porter par ces brises hivernales exaltantes. Telles des héroïnes à la 'Chapeau melon et bottes de cuir', nous arpenterons le pavé urbain parées de cuir, parapluie aux dents.


dimanche 21 novembre 2010

Goncourt 2010 : Houellebecq avec La Carte et le territoire


Enfin ! Enfin Michel Houellebecq le reçoit, son Goncourt ! Franchement, je vais vous dire un truc, ce dernier livre, La Carte et le territoire, c'est pas mon préféré. Même si, paradoxalement, je trouve aussi que ce soit le plus abouti. Plus recherché. Mais j'ai quand même préféré La Possibilité d'une île. Du coup c'est tout à fait compréhensible qu'il reçoive le Goncourt. Ça parle pas de tourisme sexuel, c'est pas un roman d'anticipation ou un truc glauque. Plus conventionnel, je dirais.

Attention, ne me faites pas dire un truc que j'ai pas dit : même si ce n'est pas mon préféré de Houellebecq, je l'ai quand même bien aimé. Très bien écrit, comme d'habitude, même si j'ai mis un peu plus de temps que d'habitude à rentrer dedans. Jed Martin, personnage principal, est un artiste, qui, au fur et à mesure de sa carrière, va être amené à rencontrer des gens, célèbres ou non, et parmi eux Michel Houellebecq lui-même. De ce fait, l'auteur peut faire de lui un autoportrait, celui d'un écrivain reclus, dépressif, qui s'assume comme tel. Et puis, Jed, l'artiste, lui ressemble. Avant que le personnage de Houellebecq n'apparaisse, je me suis dit que l'auteur parlait de lui à travers le personnage de Jed. Mais pourquoi pas ? L'auteur parle de lui à travers plusieurs personnes. C'est bien possible. Un livre à lire comme un autoportrait, je pense. Autoportrait sarcastique.

Et un livre de Houellebecq, ça ne va pas sans ironie. Une vision pessimiste du monde, ici du domaine artistique, avec des gens comme François Pinault, ou autres grands mécènes. Le rôle de l'argent dans ce domaine (Jed s'étonne lui-même du prix qu'atteignent ses toiles à la fin du roman). Notre héros ne trouve pas vraiment sa place dans ce milieu. Et puis, il n'y a que Houellebecq pour consacrer 5 pages à un bichon, Michou, qui ne pourra jamais avoir de vie sexuelle à cause d'une malformation improbable...

mercredi 17 novembre 2010

Qui a peur de Virginia Woolf ? Edward Albee et Dominique Pitoiset


En fait, avant de lire le résumé pour voir si j'allais aller voir la pièce, je me suis dit il faut absolument que je sache d'où lui vient son nom. Parce que Qui a peur de Virginia Woolf ?, ça m'a plutôt intriguée. Et puis, en me penchant de plus près sur le programme, et quand j'ai vu que c'était une pièce dans laquelle deux couples de deux générations différentes jouent à un jeu de massacre, un jeu pervers et cruel, et bien c'était tout réfléchi !

Edward Albee écrit cette pièce en 1962. Mike Nichols la porte à l'écran en 1968, avec dans les rôles de Martha et George Elizabeth Taylor et Richard Burton. Martha, la fille du président de l'université, rentre d'une soirée dans la nuit, avec son mari George, professeur dans cette même université. Ils ont la quarantaine bien passée. Elle a invité un jeune couple, Nick, nouveau professeur à la fac, et sa femme Honey. Ils assistent à l'affrontement de Martha, provocante, sanguine, et de George, qui tout en gardant de la retenue, sait aussi être cruel, et renvoie à sa femme tout ce qu'elle lui a balancé. N'oublions pas de dire que la soirée a été -et continue- à être très arrosée... Nick et Honey sont peu à peu mêlés à ce jeu de la vérité pervers et cruel, et finissent par y prendre vraiment part. C'est jubilatoire...

Les comédiens sont très bons dans leurs personnages, notamment le couple central : Nadia Fabrizio et Dominique Pitoiset, également metteur en scène. Qu'en dire, d'ailleurs, de cette mise en scène ? Un plateau très épuré, très beau. Mais le choix de mettre une séquence vidéo montrant le campus entre chaque acte, ça ne m'a pas vraiment emballée. La pièce qui commence par la fameuse chanson Qui a peur du grand méchant loup, en anglais Who is afraid of the big bad wolf, reprise souvent dans la pièce par les personnages, qui remplacent "the big bad wolf" par Virginia Woolf, d'après une blague qu'ils ont entendu plus tôt dans la soirée. Ces interventions viennent rythmer la pièce. Ça c'est bien.

Je dirais pour finir que c'est un spectacle qui m'a particulièrement plu. Pour certains réfractaires aux salles de théâtre, sachez que les 2 heures passent étonnamment vite. On ne s'ennuie pas une seconde, les piques fusent entre les personnages, et ça, c'est ce que j'appelle du grand art.

Toutes les dates de la tournée ici.


Martha et Nick

Potiche, de François Ozon


Potiche était, je pense, un des films les plus attendus du mois de novembre (mais n'oublions pas notre cher Harry Potter...). Depuis la Mostra de Venise, début septembre, je suis dans l'expectative. Parce que c'est un François Ozon, et surtout parce qu'il y a Catherine Deneuve, qui, on ne peut pas le nier, joue à merveille. Elle ne fait pas exception à la règle dans Potiche. Surtout qu'elle est entourée par des acteurs tous aussi bons les uns que les autres.

1977. Catherine Deneuve, alias Suzanne Pujol, est la femme de Luchini, alias Robert Pujol, PDG d'une usine de parapluies. Elle qui lui est soumise, qui est une potiche, va se retrouver à la tête de l'entreprise alors qu'il doit prendre du repos après un souci de santé dû à une grève à l'usine. On jubile, quand elle y arrive, à la tête de cette entreprise. Pauvre Suzanne, elle nous faisait un peu pitié. Luchini a beau dire, vers la fin que "Potiche, peut-être, mais cruche, surement pas !", je trouve qu'elle l'est quand même, cruche, au début du film... La direction, c'est la fin de son calvaire, et c'est l'avènement d'une Suzanne Pujol qui se voit dotée d'un cerveau... Une Suzanne Pujol qui se révèle avoir été une épouse volage, autant que son mari pouvait l'avoir été ou l'être encore. Karin Viard,dans son rôle de la secrétaire maîtresse du patron, est parfaite. De même pour le fils Pujol, Jérémie Rénier, "de gauche", avec sa tête à la Claude François. Judith Godrèche, la fille, qui a hérité de son père (les grévistes on a qu'à appeler les CRS pour qu'ils les fassent se remettre au travail !), est charmante et excellente. Et puis, bien sur, le député-maire communiste de la commune, Depardieu, qui fut en un temps un des amants de Suzanne. Bref, on se régale.

Voilà comment Catherine Deneuve et François Ozon arrivent à démonter la figure de Luchini, l'homme, la figure paternelle qui se croit supérieur à tout le monde. Et quand notre Catherine nationale s'y met, elle emploie tous les moyens qu'il faut, même faire de la politique et nous faire une Ségolène Royal bis ! Ajoutez à cela le charme du décor et des costumes 70's, un générique et une première séquence rétro/kitsch. Voilà. Ça donne Potiche !


dimanche 14 novembre 2010

Un concert aux accents slaves... Les groupes Motion Trio et Terem Quartet

Cette soirée, je l'attendais avec impatience. Deux groupes qui se succèdent : un trio d'accordéonistes polonais, puis un quartet de russes qui revisitent de la musique classique et pas que, avec des instruments traditionnels de leur pays. Deux groupes des pays de l'est pour deux concerts différents.



Les polonais du Motion Trio ont ouvert la soirée. Je vous le dis de suite, c'était juste génial ! L'accordéon, déjà, c'est un instrument qui offre tellement de possibilités de sons différents... Parfois ça ressemble au piano, à l'orgue, parfois ça produit des sons qu'on trouverait dans un tube dancefloor de l'été 2010... Ils sont tellement doués, tellement dans leur truc, que c'est magnifique à voir -et surtout à entendre ! Si pour vous l'accordéon, c'est l'instrument qu'on ne trouve que dans les bals musettes pour faire danser les septuagénaires, je vous enjoins vivement d'aller écouter un ou deux de leurs titres. C'est très prenant, on est tout le temps transporté on ne sait pas où, vers un endroit où on se sent bien. Et on atteint un sommet quand ils se mettent tous, trop dans leur truc, à se mettre à taper sur leurs accordéons et à s'en servir de percussions. Et je vais encore vous dire quelque chose : il m'arrive assez régulièrement d'avoir des frissons, parce que j'ai froid, ou parce que j'entends, que je vois quelque chose qui me plaît, et bien là, j'ai eu un nombre de frissons incalculable, tellement c'était bien. Un peu comme la musique techno peut prendre au ventre. Une musique aux accents rock, jazz, un peu classique, aussi. Le plus simple pour écouter des morceaux à eux, c'est d'aller sur leur site. Personnellement j'aime vraiment plus que les autres U-Dance, et Stars. A vous de voir. Et je tiens aussi à dire, vu que c'est quand même mieux de les voir en concert, qu'ils seront à la Folle Journée de Nantes le 1er février 2011.




Deuxième partie de soirée. On voit débarquer sur scène quatre musiciens avec des instruments qu'on qualifierait de bizarres. Surtout la balalaïka, cette espèce de contrebasse triangulaire à trois cordes.C'est le Terem Quartet, qui arrive tout droit de Saint-Pétersbourg. Leur idée, reprendre des morceaux du répertoire classique, des musiques de film, pour les allier à la musique traditionnelle russe. Je ne vous le cache pas, j'ai eu un peu de mal à accrocher. C'est sympa un peu, mais au bout du deux ou troisième morceau, je connaissais à trouver ça barbant. Par contre, il y avait un vrai effort de gestes, de mimiques, pour coller plus à l'ambiance concert, et pas faire comme si on était seuls et qu'il y avait pas de public. J'ai quand même bien aimé la reprise de Libertango de Piazzolla, peut-ête aussi parce que j'adore ce morceau... Bon et puis le domra, cette espèce de mandoline russe, ça m'insupportait un peu sur la fin. Ça dépend des gens. Je sais que le couple assis à côté de moi a adhéré dix fois plus à ce quartet qu'aux accordéonistes du Motion Trio. Je vous passe quand même le lien de leur site sur lequel vous pouvez trouver des vidéos.


mardi 9 novembre 2010

La Vie au Ranch, de Sophie Letourneur


Ce film a quoi, un peu moins d'un mois ? Et est passé, j'ai l'impression, plutôt inaperçu. Ce qui est fort dommage parce que je l'ai trouvé carrément bien ! Je sais pas si on peut dire qu'il y a vraiment une intrigue très construite. Plutôt que c'est l'histoire d'une bande de copines qui vivent leur vie, qui discutent, qui boivent, qui fument, qui dansent, tout ça au Ranch, l'apart' de Manon qu'elle partage avec Pam. Des filles de 20 ans, un peu crades et qui s'intéressent quand même à la mode, par exemple. Et plus particulièrement l'histoire de cette Pam, qui n'a plus forcément envie de rester tout le temps avec le groupe, qui a besoin de s'en échapper.

Une première partie, du coup, super drôle. Franchement entre Pam qui organise, attention je cite, une pipiroom party entre deux caisses, et Lola qui, après une conversation téléphonique du genre "Ouais j'lui ai laissé un message pourri sur son répondeur, une pauv' truffe, quoi, il me rappellera jamais" nous sort une phrase à mettre dans les annales : A part rien foutre, j'ai rien à foutre... Puis la deuxième partie où Pam décide de vraiment mettre de la distance entre elle et ses copines. On a même la chance de les voir toutes débarquer en Auvergne pour faire de la rando avec leurs bottes en caoutchouc, et pour entendre dire Lola sortir pendant le pique-nique en montagne que "Y'a même pas de planche à pain, quoi"...

Un film drôle et touchant, sur la place que chacun peut trouver dans un groupe. Et servi par une brochette d'acteurs au top ! Un grand merci et un grand bravo à tous !

Pour ceux qui veulent, le site du film est assez sympa, et vous pourrez y voir des extraits du film et lire des interviews des acteurs et de la réalisatrice.


lundi 8 novembre 2010

Pensez à consulter les archives...

Bonsoir à toutes et à tous !

Nous tenons à signaler qu'au mois d'août dernier nous étions au Festival du Film Francophone d'Angoulême, et que nous avons déjà publié à cette occasion les critiques de plusieurs films en ce moment ou bientôt en salles. Surtout n'hésitez pas à aller voir ici, si ça vous intéresse ! Des Hommes et des dieux, Donnant Donnant, Illégal, Belle Epine, Pieds Nus sur les Limaces... Il y en a pour tous les goûts !

jeudi 4 novembre 2010

Vénus Noire, d'Abdellatif Kechiche


La Vénus Hottentote, j'en avais déjà entendu parler, je crois que j'avais du voir un documentaire sur elle quand j'étais petite. Et c'est dire comme son histoire m'avait frappée, puisque je m'en rappelais encore avant que le film ne sorte, bien des années après... Petit rappel, la Vénus Hottentote, c'est cette femme d'Afrique du Sud, Saartjie Baartman qui, entre 1810 et 1815, est exposée à la vue de tous les londoniens dans des sortes de foires aux monstres, avant d'être exhibée à Paris dans les salons de l'aristocratie ou au muséum pour être examinée par des savants. pour finir prostituée... Que penser du film qu'Abdellatif Kechiche a fait sur cette femme ? Un bel hommage.

C'est un film qui met mal à l'aise. A cause de la violence des scènes montrées. C'est très dur. Et Kechiche a pris la parti de faire un film très long (2h40), et de cette manière peut prolonger les scènes des horreurs qu'on lui fait endurer. Certains diront qu'on aurait pu enlever plus d'une heure de film, mais l'effet n'aurait pas été le même. On ne serait pas aussi mal en sortant de la salle. Il y a une chose qui frappe, aussi, c'est le jeu dérangeant de l'actrice (Yahima Torres). Elle est sur scène, elle boit, elle fume, mais elle ne parle quasiment pas. On a l'impression qu'elle accepte son sort, même si elle se refuse à certaines choses qu'on lui demande. On se demande, est-ce qu'elle va essayer de se rebeller ? Non, tout ce qui pourrait faire penser à une tentative est très vite étouffé. Très belle et troublante prestation. Mais c'est Olivier Gourmet qui, je trouve, est très bon dans son rôle (le maître de Saartjie quand elle quitte Londres).

Et ce qui est fou, c'est qu'un seul personnage , un étudiant en sciences, probablement, est un minimum humain. A part lui, aucun personnage ne l'est, dans ce film. Tous sont plus horribles les uns que les autres, les maîtres, les londoniens avides d'exotisme, les aristocrates parisiens, les scientifiques qui la prennent pour la preuve qu'il existe des races inférieures d'hommes sur terre. Un film coup de poing, très brut (la première scène l'est particulièrement...), où cette femme tente de trouver sa place dans un monde qui ne lui en laisse pas.